ROSSINGTON Take It On Faith (2016 – Loud And Proud)

Musicians:

Gary Rossington - guitar
Dale Rossington - vocals
Jack Holder - guitar
Richie Hayward - drums
Bruce McCabe - piano, keyboards
Delbert McClinton - harmonica
Gary Nicholson - guitar
David Smith - bass
Reese Winans - organ
Kenny Greenburg - guitar overdubs
Michael Rojas - piano
Gordon Mote - piano and B3 overdubs
Shawn Camp - dobro
Bekka Bramlett - additional vocals
Vicki Hampton - additional vocals

Titles:

1. Highway of Love
2. I Should’ve Known
3. Take It On Faith
4. Light A Candle
5. Dance While You’re Cookin’
6. Shame On Me
7. Good Side of Good
8. Through My Eyes
9. Something Fishy
10. Too Many Rainy Days
11. Where Did Love Go
12.
Two Very Different Things

On en avait tant parlé, on l’avait tellement espéré. Et puis, on avait fini par ne plus y croire. Et pourtant, on ne rêve pas. Ça y est ! Gary Rossington et Dale Krantz, le couple royal du rock sudiste, viennent de sortir un album solo. Un événement pour le petit monde du rock sudiste ! Ce projet a démarré il y a… une dizaine d’années. L’inconvénient avec ces diables de sudistes, c’est qu’ils prennent leur temps et qu’on ne sait jamais ce qu’ils gardent en réserve. Bon, il est aussi vrai qu’une entité comme Lynyrd Skynyrd laisse peu de quartier libre pour ce genre de parenthèse. Mais honnêtement, ça valait le coup d’attendre aussi longtemps. Le disque a été produit par le célèbre David Z (qui a bossé pour Buddy Guy et Prince) et bénéficie de la présence d’invités de qualité. Delbert McClinton vient mâcher son harmonica ici et là. Reese Wynans (l’ancien clavier de Stevie Ray Vaughan) et la chanteuse Bekka Bramlett (la fille de Bonnie) ajoutent leur touche personnelle à la fête. De plus, quelques personnes de renom ont cosigné plusieurs titres. Malheureusement, deux participants ne verront pas le résultat, le batteur Richie Hayward (qui avait officié au sein du mythique Little Feat) et le guitariste Jack Holder (Black Oak Arkansas, Cobra) ayant respectivement passé l’arme à gauche en 2010 et 2015.

Au départ, ce devait être uniquement un album de blues mais nos deux artistes ont finalement composé au gré de leur inspiration. Et là, on n’est pas déçu ! La voix de Dale Krantz est toujours aussi poignante et la guitare de Gary Rossington n’a jamais été aussi expressive (beaucoup plus qu’avec Lynyrd Skynyrd). Enfin, il faudrait plutôt dire les guitares car Gary a joué sur des grattes différentes selon les morceaux (une Stratocaster, une Gibson EL 35, une Gretsch Tennessean et sa fidèle Les Paul). Bon, assez bavassé ! C’est parti pour une virée en territoire sudiste ! Dès l’intro de « Highway of love » (avec dobro et harmonica), on est plongé directement dans l’ambiance avec un bon rock sudiste et le style immédiatement reconnaissable de Gary. « I should’ve known » séduit par sa construction rythmique (slow bluesy pour les couplets et boogie pour les refrains).

La splendide ballade « Take it on faith » est un petit joyau de « Southern country », comme seuls les sudistes savent en composer. Gary est impérial au dobro et la voix de Dale refile des frissons. Un clip a d’ailleurs été réalisé à partir de ce titre.

Encore un très beau moment avec « Light a candle » (un morceau « Southern soul » hyper mélodique qui prend au cœur) et le solo de Gary tout en tirés de cordes.

Retour à une ambiance « Southern swamp-rock » avec « Dance while you’re cookin’ », cosigné avec Gary Nicholson (un célèbre compositeur et guitariste de sessions). Mr Rossington envoie un très bon solo de slide guitare pour l’occasion. Sur « Shame on me », une lente ballade bluesy, la voix de Dale fait des merveilles et la guitare de Gary s’exprime magnifiquement avec son style si personnel (feeling, feed-back et notes en sustain). Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec le blues-rock bien gras « Good side of good » et sa ligne rythmique si familière. Et pour cause ! Car c’est Billy Gibbons lui-même qui a cosigné ce titre. Gary balance un solo qui va à l’essentiel en faisant ressortir les harmoniques. Nous avons encore droit à deux belles ballades : « Through my eyes » (avec des phrases de guitares typiquement Rossington) et « Where did love go » (avec une superbe intervention de Gary à la slide). Le Texas Blues pointe le bout de son nez sur « Something fishy ». Gary torture une Stratocaster pour obtenir un solo carré et efficace. Les amateurs de solos de six-cordes et de piano en alternance seront ravis par le slow bluesy « Too many rainy days ». La party s’achève enfin avec le syncopé et costaud « Two very different things ». Non, décidément, Gary Rossington et Dale Krantz ne se sont pas foutus du monde. On sent qu’ils se sont fait plaisir en offrant ce cadeau à leurs fans. Des compositions de qualité et aucun morceau de remplissage. Une prise de son impeccable et pas des enregistrements effectués à la va-vite. Des musiciens chevronnés et pas des « sidemen » d’occasion. Un véritable album et non un brouillon. Mais surtout la voix splendide de Dale Krantz, rauque et bluesy à souhait, et la guitare de Gary Rossington qui n’avait pas sonné comme cela depuis bien longtemps. Et puis, le feeling indéniable qui passe entre la grande chanteuse et le guitariste survivant. Après avoir écouté cette galette, on comprend mieux la personnalité musicale de ces deux artistes et on n’est pas surpris. Tout cela correspond bien à l’idée que l’on se faisait de leur univers. Héritage et tradition. On se demande même comment Gary a pu valider certains morceaux douteux parus sur les derniers albums de Lynyrd Skynyrd. En tout cas, voilà le témoignage irréfutable que le talent ne meurt jamais.

Un disque superbe qui inspire le respect !

Southern music forever !

Olivier Aubry